Un film inutile et ennuyeux

Étant Québécois, j’avais de grandes attentes envers ce film précédé d’une réputation enviable sur le plan international. Or j’ai été déçu par la minceur du scénario, qui ne comporte que deux événements importants, annoncés longtemps à l’avance, le traitement peu soigné de l’ensemble sur le plan technique et, surtout le manque de cohérence du personnage principal. Celui-ci ne semble tirer aucun enseignement des épreuves qu’il traverse.

Je comprends que l’on veuille abstenir de juger, mais au bout de 107 longues - très longues - minutes, il n’est pas normal que le spectateur s’interroge toujours sur les raisons de l’attachement obsessionnel de ce vendeur pour son métier. On ne peut même pas parler ici d’une dénonciation ouverte, ni même d’une remise en question explicite du système aliénant qui mine cette petite ville endormie. Est-ce que le film s’adresse uniquement à des gens déjà conscientisés, aptes à saisir toutes les subtilités, les sous-entendus, les non-dits de l’auteur? Je m’interroge alors sur son utilité.

LE VENDEUR rappelle beaucoup les longs métrages à portée sociale que le Québec produisait dans les années 1960 et 1970, qui présentaient des histoires embryonnaires avec un fort aspect documentaire. Cela ne suffit plus à retenir l’attention du public en 2012. Une trame sonore minimaliste, des images souvent instables et parfois hors-foyer, filmées caméra à l’épaule, une prise de son et une élocution déficientes, (on perd la moitié des répliques de Gilbert Sicotte), des comédiens non maquillés dont on nous épargne pas la laideur dans un éclairage hivernal cru, tout cela concoure à faire fuir le grand public.

Le seul véritable mérite d’un film comme LE VENDEUR est de se situer aux antipodes du cinéma hypercommercial hollywoodien qui inonde nos écrans, d’où les éloges d’une certaine critique.